Vendredi, 8h24, je débarque au Marché D’Intérêt National de Toulouse. Le MIN, pour les intimes. J’ai rendez-vous pour une journée de bénévolat aux Belles Gamelles. Je me suis levée tôt, mais c’est pour la bonne cause. Je suis prête à en découdre, tâter du couteau ou me mettre au fourneaux. Je vous emmène.

Les Belles Gamelles, cuisine solidaire

8H30 pétantes : je pousse la porte d’un ancien restaurant du grand Marché D’Intérêt National qui héberge aujourd’hui l’association les Belles Gamelles. Je suis la première bénévole à arriver, avec cette sensation de pénétrer un univers ayant déjà tous ses repères. L’accueil est flegmatique mais le café est servi volontiers. Tout comme les chocolatines. Petit à petit, les bénévoles, nouveaux ou habitués, commencent à arriver. Les langues, à se délier.

Nous sommes tous venus contribuer à la mission des Belles Gamelles : préparer des plats de qualité pour les personnes précaires, composés avec les dons de producteurs et surtout les invendus des grossistes du MIN. Et le stock est solide. Les Belles Gamelles récupèrent 3 à 5 tonnes d’aliments par semaine. 0 gaspi.

L’association, créé en mars 2020 au début de la crise sanitaire, avait, au départ, mis à contribution producteurs locaux et chefs toulousains pour concocter des plats de qualité pour les personnels hospitaliers. Assez rapidement, la mission s’est réorientée vers les personnes en situation de précarité alimentaire. Elle s’est depuis structurée, profitant d’un espace professionnel mis à disposition par le MIN et salarie aujourd’hui trois personnes : Alex, le directeur, Pierre, le chef et Jérémy, le second, aidés de deux apprentis.

Bénévole aux Belles Gamelles

C’est Pierre ce matin, qui s’occupe du briefing. Aux nouveaux, il explique les règles d’hygiène et de sécurité, à tous, le programme de la journée. Nous sommes nombreux aujourd’hui : une dizaine de volontaires venus prêter main forte pour réaliser 70 sandwichs et 460 barquettes, avec option carnées ou végétariennes. Les plats du jour seront ensuite récupérés par la Croix Rouge, l’Association générale des étudiants et Ressources Solidaires.
La logistique se met peu à peu en place. La chaine du sandwich attribue à chacun sa tâche. En binôme, les uns à côté des autres, on adopte la bonne vieille méthode tayloriste. On en profite pour discuter, aussi. Avec Didier, je suis préposée à la galette végétarienne puis avec Patricia, au saumon fumé que l’on enfourne entre deux tranches de pain barbouillé de pesto, puis de salade et pickles. Bref, ici nul besoin d’être chef. C’est Jérémy et une petite équipe, en cuisine, qui s’occupe des découpes et des cuissons. Nous, on assemble en musique et dans la bonne humeur.

On fera pareil avec les barquettes : écrasé de pomme de terre, champignons, carottes, deux branches de brocolis (ça c’est moi), du saumon ou un œuf et de la sauce vierge. C’est coloré, appétissant et équilibré. Vient ensuite l’enfer de l’atelier cardons, ces légumes anciens que l’on a sauvé de justesse et qui sont en nombres très conséquents. Deux heures de coupe, épluchage, grattage qui salissent les mains mais qui serrent les coudent.

Mélange de cultures et de saveurs

Je suis notamment avec Nadège, pour qui aussi c’est une première, Mathilde, photographe food, Eddy, qui arrive du Niger, Mary, qui vient de Géorgie. On parle anglais, français, de nos parcours, on rit à quelques blagues (parfois les miennes) et on partage des anecdotes de vie. C’est un véritable espace de mixité sociale.
On avait commencé à se découvrir pendant la pause de 10h en mangeant les madeleines préparées par Jérémy, on continue à 13 heures en partageant un chouette déjeuner avec toute l’équipe. L’après-midi se passe dans la même ambiance avec un rythme qui s’intensifie. En quelques heures on a acquis quelques bons réflexes !
A 16h, parce que la journée était intense, on finit la mission Belles Gamelles autour d’un verre. Et on débriefe. Des bénévoles ne reviendront pas, d’autres de temps en temps, certains même toutes les semaines. Rien n’est vraiment figé ici, on s’engage sans engagement. On prévient de sa venue quelques jours en amont. Cela permet de donner le juste temps qu’on a. Mais après une journée parmi les Belles Gamelles, qui n’y retournerait pas ?
belles-gamelles.com